14 mai 1915

L’attaque du 5ème Bataillon qui devait avoir lieu la veille puis dans la nuit à 2 heures du matin est définitivement reportée à l’après-midi.

Le Lt-Colonel obtient que l’attaque qui devait être exécutée par l’ouest soit faite par le nord. De ce côté le terrain est plus propice et surtout la distance,séparant les tranchées allemandes et Françaises, est moins grande.

Ordre d’attaque : 2 Compagnies en 1ère ligne (19ème et 20 ème), la 20ème à droite. L’artillerie qui devait prépare l’attaque ne tire que très faiblement quelques coups de canon qui ne paraissent produire que d’insignifiants résultats et cependant l’ordre du Général en chef doit être exécuté. Colonel en tête le Bataillon se précipite à l’assaut de la tranchée allemande sous un feu terrible d’artillerie et de mousqueterie. Il l’occupe, une cinquante d’allemands s’enfuient à la débandade. Voulant profiter de l’effet de surprise obtenu,  le Colonel veut poursuivre son offensive victorieuse. Le Bataillon se trouve en ce moment (16 h 30) dans la situation suivante ;

– à gauche la 20ème Compagnie arrêtée devant une tranchée allemande et séparée d’elle par une rapide et profonde déclivité du terrain.

– au centre, face à l’église d’Ablaire St Nazaire, les 17ème et 18 Compagnies dans la tranché conquise et les trous d’obus en arrière.

– à droite la 19ème dans une sorte de cuvette.

Et le Bataillon passablement abrité subit néanmoins de grosses pertes par suite du tir des mitrailleuses ennemies parfaitement ajusté sur les créneaux en particulier dans la tranchée conquise et parce que les soldats du 282ème dans leur ardeur se découvrent trop en tirant sur les allemands qui s’avancent pour attaquer. Néanmoins ayant des objectifs devant eux et se croyant mieux abrités nos hommes ne veulent pas sortir des abris, malgré les commandements et les exhortations des gradés.

C’est alors que le Lieutenant-Colonel fait sonner la charge, le Bataillon ne débouchant pas, le Lieutenant-Colonel pour stimuler le courage de ses voisins sort avec 2 ou 3 hommes et se porte à 6 mètres en avant. Petit à petit une vingtaine d’hommes le rejoignent. Sur ordre du lieutenant-Colonel le chef de Bataillon Brugirard parcourt la tranchée conquise, ordonne qu’on rejoigne le chef de corps puis s’élançant en avant dépasse le Lieutenant-Colonel d’une soixantaine de mètres en se portant légèrement à droite. Plus tard il gagnera encore une trentaine et se placera de telle façon qu’il prend d’enfilade le retranchement principal ennemi. Le Lieutenant-Colonel constatant que les pertes sont toujours considérables demande au Général commandant la 28ème Brigade des renforts pour poursuivre l’offensive. Cette demande restera sans réponse. Les 3 sections de mitrailleuses sont placées par le Lieutenant-Colonel           – Une à droite – Deux vers la gauche, l’une de ces dernières restant dans la tranchée conquise. La nuit arrive; la première ligne se renforce d’un grand nombre d’hommes à qui l’obscurité naissante donne plus d’audace. Le Lieutenant-Colonel demande du génie et prescrit que tout le monde se fortifiera sur place. Pas un pouce de terrain ne devra être cédé à l’ennemi. Un retour offensif très vigoureux de  se prononce sur tout le front. Il veut reprendre le terrain perdu avant la nuit. Mais les mitrailleuses déjà placées, le feu de l’Infanterie très largement approvisionné en cartouches (200 par homme) les repoussent en  moins de d’une demi-heure. Le détachement du génie arrive. son chef un Lieutenant est blessé pendant que le Lieutenant-Colonel lui donne ses instructions. Il faut avant tout établir une bonne tranchée de première ligne. La nuit est complète l’ennemi continue à arroser le terrain conquis de projectiles d’artillerie et de mitrailleuses.

L’élan a été tel qu’une section de la 17ème Compagnie qui a dépassé de 30 mètres la tranchée occupée et s’est terré dans un trou d’obus à quelques mètres des allemands, restera 3 jours accroché au terrain en dépit des grenades lancées par l’ennemi. De tous ces braves il ne restera qu’un adjudant, un sergent et 3 hommes.

6ème Bataillon – Les 23ème et 24ème sont pendant toute la journée soumises à un bombardement violent qui leur cause des pertes sensibles.

A 19 heures 30 le Bataillon se porte dans la direction sud-est de l’éperon de N-D. de Lorette et y construit des tranchées à hauteur de la courbe 140 en épousant la forme de cette courbe.

JMO

Situation géographique au 14 mai 1915

Situation géographie particulière du 14 mai 1915