La météo en 1916 – Janvier

Exceptionnellement doux, très chaud. Vents prédominants du S.-O. La période humide de fin décembre se prolonge jusqu’au 15.

Du 15 au 31, température très douce avec quelques journées pluvieuses seulement.

Pluie : 73/m/ à Montbéliard. Le 4, giroflées fleuries dans les jardins. Le 10, au Parc, les pâquerettes fleurissent dans les champs ; le gazon verdit. Le 13, le bois-joli commence à se couvrir d’étoiles roses, avenue de la Prairie. Le 20, les primevères font des taches blanches dans le terreau des parterres ; le cognassier du Japon entr’ouvre ses bourgeons rouges ; les oiseaux chantent dès le matin.

Il importait de mettre en œuvre tous les moyens susceptibles de porter au maximum la production agricole du pays. Les décrets des 2 et 9 février décidèrent la constitution dans chaque commune rurale d’un comité permanent chargé d’organiser le travail des champs et d’assurer la culture de toutes les terres situées dans la commune.

Les comités d’action agricole sont nommés par les conseils municipaux assistés de trois cultivateurs choisis préalablement par l’assemblée communale. Dans sa séance du 20 février le conseil municipal de Montbéliard s’adjoignit MM. Louis Zurcher-Coulon, Joseph Widmer, Charles Courvoisier. Il désigna pour faire partie du comité d’action agricole les personnes dont les noms suivent : MMmes Philippe-Faivre, Graber Jeune, aux gouttes et Jean Ruffier, à la Chiffogne. MM. Georges-Emile Bretey, Buffet, à la Petite-Hollande, Daniel Schindler, Louis Coulon-Zurcher, Joseph Widmer, Charles Courvoisier.

Le comité, dont la présidence appartient de droit au maire, désigna M.Schnindler comme vice-président et comme conseiller technique M. George, professeur d’agriculture de l’arrondissement.

Les familles des agriculteurs de profession mobilisés remplissant les conditions pour solliciter en faveur de leur chef une permission agricole de quinze jours en vue des travaux du printemps, furent invitées à constituer leur dossier avant le 1er mars. La mairie reçut et transmit cinq demandes.

On invita d’autre part les agriculteurs ayant besoin de main-d’œuvre militaire à se déclarer. Onze cultivateurs, cultivant une surface de 296 hectares demandèrent 20 travailleurs militaires qui leur furent envoyés le 17 mars.

Une commission parlementaire chargée de faire une enquête sur la situation agricole de la zone des armées, se rendit à Montbéliard, dimanche 2 avril, et assista à 9 heures à l’hôtel de ville à la réunion du comité cantonal d’action agricole de Montbéliard et des délégués des autres comités cantonaux de l’arrondissement.

M.Ulmann, maire, reçut la commission. Elle était composée de MM. Braibant, député des Ardennes ; Cosnier, député de l’Indre ; Camuzet, député de la Côte-d’Or, et était accompagnée de par MM. Milleteau, préfet ; Langeron, sous-préfet, et Rousset, directeur des services agricoles du Doubs.

Elle entendit les doléances des cultivateurs qu’elle trouva ici, comme dans les autres départements visités, préoccupés surtout par la question de la main-d’oeuvre. Elle leur promit de s’employer à obtenir que les militaires agricoles pûssent travailler leur propre terre avant d’aller chez les autres et qu’on leur accordât des permissions de 15 jours aux quatre époques où leur présence est surtout nécessaire chez eux : travaux de printemps, fenaison, moisson, semailles d’automne.

MM. Turbergue, maire de Bourguigon ; Ch. Monnot, maire de Maire et Louys, ancien maire d’Audincourt, présentèrent de nombreuses observations et des critiques sur les réquisition, le prix d’achat du bétail, les indemnités aux travailleurs agricoles, les stocks de fourrage, etc. LA commission les enregistra pour les porter devant la Commission de l’agriculture.

M. Cosnier recommanda aux agriculteurs l’emploi des moteurs mécaniques et félicita vivement les éleveurs du bétail de la race Montbéliard, lesquels sont parvenus à reconstituer un troupeau aussi nombreux qu’avant la guerre. Il leur adressa un appel pressant pour les engager à persévérer dans cette voie, en vue du repeuplement ultérieur des étables de la Belgique et de nos départements envahis. Élever, conclut-il, est l’intérêt et le devoir de tous les agriculteurs de la région.

Le Comité d’action agricole, réuni le 11 mai 1916, s’occupa des demandes de travailleurs militaires. Vingt cultivateurs formulèrent des demandes afin d’obtenir 37 travailleurs pour la fenaison et 22 travailleurs pour la moisson.

Contrariée par les pluies, la fenaison s’effectua au prix des plus grandes difficultés. Le foin récolté sur le territoire de la commune fut de 8500 quintaux environ.

Un recensement de nos animaux de ferme donne les chiffres suivants au 10 juin :

chevaux 44
bovins 182 (dont 137 vaches)
ovins 21
porcins 2
caprins 1

Les céréales récoltées en 1916 ont été pour 19 cultivateurs :

blé 518 hectolitres
avoine 1016 hectolitres
orge 81 hectolitres
seigle 97 hectolitres

L’année, moyenne en blé (21 hl. à l’hect.) fut bonne en avoine (35 hl. à l’hect.) et nulle pour la pomme de terre. Les fruits ont été rares ; les pommiers seuls ont donné un semblant de récolte.

Le Doubs étant déficitaire d’une moitié environ pour la récolte de blé, le préfet, le 18 septembre, frappa d’une réquisition générale tous les blés du département. Il restait disponible à Montbéliard, dans les greniers des cultivateurs, après réserve de leur semence, 225 q. de blé qui furent livrés aux moulins de Bavans.

Livre Montbéliard p. 75