« Une foule anxieuse, ayant mal dormi, se pressait samedi 1er août, à l’arrivée du train de Besançon. en un clin d’oeil, les journées du chef-lieu couvrent la cour de la gare d’un essaim de papillon blancs.
L’état de guerre est proclamé en Allemagne.
La Russie mobilise.
La Suisse, la Belgique, la Hollande mobilisent…
Et cette nouvelle qui produit une stupeur : Jaurès la veille au soir, assassiné dans un restaurant de la rue du Croissant. On se rend compte de la gravité à cette heure de cet attentat exécrable qui peut entrainer une catastrophe.
Dans la ville fiévreuse où presque tout travail est abandonné, la population qui ne peut rester chez elle se répand par les rues et sur les places.
Vers 16h15, des automobiles transportant des gendarmes débouchèrent de la rue d’Héricourt, à toute allure.
– c’est l’ordre de mobilisation générale. Nous allons dans les communes. Les plis destinés à Montbéliard vous seront remis par une auto qui vient derrière nous.
Quelques instants plus tard, en effet, une nouvelle voiture s’arrêta devant l’hôtel de ville. Un gendarme en descendit, remit à la mairie un paquet comprenant entre autres pièces les affiches de mobilisation, les instructions concernant la mobilisation, la réquisition et la police des étrangers, enfin un tableau de concordance des jours de la période de mobilisation avec les dates du calendrier.
Le secrétaire compta les affiches, en donna reçu au gendarme, puis, devant celui-ci, comme l’exige la loi, il compléta chaque affiche…
Le premier jour de la mobilisation est le Dimanche deux août 1914. Le second jour est le Lundi trois août, etc.
Les citoyens qui connaissent la grave nouvelle, échangent dans le calme leurs impressions.
– On ira on est prêt.
– Si ça continuait, ils deviendraient nos maîtres sans un coup de fusil
– S’ils veulent se battre on les recevra proprement
Tout le monde est bien pénétré de cette idée que la France a tout fait pour éviter la guerre ; on connaît la volonté de paix du gouvernement.
Aussi, aucun mot de récrimination, aucune plainte, aucune surprise.
D’avance on accepte tous les sacrifices ; on a la résolution virile d’en finir une fois pour toutes avec le cauchemar allemand.
L’ordre de mobilisation apporte un soulagement. Les yeux brillent, la confiance et l’espoir rayonnent sur les visages dont les traits se détendent.
A 16h45 on placardait aux murs cet avis du maire de Montbéliard, qui était publié aussi à son de caisse, dans tous les quartiers de la ville :
ORDRE DE MOBILISATION GENERALE
Le maire de Montbéliard porte à la connaissance des citoyens que la mobilisation générale est ordonnée. Il leur rappelle que l’ordre de mobilisation leur impose des devoirs auxquels leur patriotisme comme leur intérêt leur commande de se soumettre immédiatement.
Il invite les réservistes et territoriaux à se tenir prêts à partir mais à ne se mettre en route qu’après avoir pris connaissance des affiches de mobilisation que la gendarmerie doit faire placarder dans la commune.
Le premier jour de la mobilisation est le dimanche deux août 1914
Hôtel de Ville, premier août 1914, 4h30 du soir,
le maire, Gustav ULMAN »
livre Montbéliard, p.12-13-14-15
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