L’agriculture en 1914 – août

Moyennement chaud, humide. Vents dominants du N.-E et S.-O. La température basse de fin juillet, se relève dès les premiers jours, s’abaisse les 6, 7 et 8. Hausse sensible du 9 au 14. A partir du 15, la température redescend et va avoisiner plus ou moins la normale . Dans la nuit du 12 au 13, tempête qui déracine des arbres et abat es fruits. Fortes chutes d’eau les 15, 16 et 17.

Dès les premiers jours d’août, des volontaires levés parmi les hommes non mobilisés de 16 à 60 ans, aidèrent nos cultivateurs ou du moins leurs femmes et leurs enfants, à faire la moisson.

Livre Montbéliard p.71

1er août : L’Ordre de Mobilisation Générale

« Une foule anxieuse, ayant mal dormi, se pressait samedi 1er août, à l’arrivée du train de Besançon. en un clin d’oeil, les journées du chef-lieu couvrent la cour de la gare d’un essaim de papillon blancs.

L’état de guerre est proclamé en Allemagne.
La Russie mobilise.
La Suisse, la Belgique, la Hollande mobilisent…

Et cette nouvelle qui produit une stupeur : Jaurès la veille au soir, assassiné dans un restaurant de la rue du Croissant. On se rend compte de la gravité à cette heure de cet attentat exécrable qui peut entrainer une catastrophe.

Dans la ville fiévreuse où presque tout travail est abandonné, la population qui ne peut rester chez elle se répand par les rues et sur les places.

Vers 16h15, des automobiles transportant des gendarmes débouchèrent de la rue d’Héricourt, à toute allure.
– c’est l’ordre de mobilisation générale. Nous allons dans les communes. Les plis destinés à Montbéliard vous seront remis par une auto qui vient derrière nous.

Quelques instants plus tard, en effet, une nouvelle voiture s’arrêta devant l’hôtel de ville. Un gendarme en descendit, remit à la mairie un paquet comprenant entre autres pièces les affiches de mobilisation, les instructions concernant la mobilisation, la réquisition et la police des étrangers, enfin un tableau de concordance des jours de la période de mobilisation avec les dates du calendrier.

Le secrétaire compta les affiches, en donna reçu au gendarme, puis, devant celui-ci, comme l’exige la loi, il compléta chaque affiche…

Le premier jour de la mobilisation est le Dimanche deux août 1914. Le second jour est le Lundi trois août, etc.

Les citoyens qui connaissent la grave nouvelle, échangent dans le calme leurs impressions.
– On ira on est prêt.
– Si ça continuait, ils deviendraient nos maîtres sans un coup de fusil
– S’ils veulent se battre on les recevra proprement

Tout le monde est bien pénétré de cette idée que la France a tout fait pour éviter la guerre ; on connaît la volonté de paix du gouvernement.

Aussi, aucun mot de récrimination, aucune plainte, aucune surprise.
D’avance on accepte tous les sacrifices ; on a la résolution virile d’en finir une fois pour toutes avec le cauchemar allemand.

L’ordre de mobilisation apporte un soulagement. Les yeux brillent, la confiance et l’espoir rayonnent sur les visages dont les traits se détendent.

A 16h45 on placardait aux murs cet avis du maire de Montbéliard, qui était publié aussi à son de caisse, dans tous les quartiers de la ville :

ORDRE DE MOBILISATION GENERALE

Le maire de Montbéliard porte à la connaissance des citoyens que la mobilisation générale est ordonnée. Il leur rappelle que l’ordre de mobilisation leur impose des devoirs auxquels leur patriotisme comme leur intérêt leur commande de se soumettre immédiatement.
Il invite les réservistes et territoriaux à se tenir prêts à partir mais à ne se mettre en route qu’après avoir pris connaissance des affiches de mobilisation que la gendarmerie doit faire placarder dans la commune.
Le premier jour de la mobilisation est le dimanche deux août 1914

Hôtel de Ville, premier août 1914, 4h30 du soir,
le maire, Gustav ULMAN »

livre Montbéliard, p.12-13-14-15

31 juillet 1914 : Arrêté de Réquisition

« Montbéliard. La cour de la gare, à partir de 18h, est noire de monde. Il fait une chaleur lourde ; dans l’air immobile, la fumée d’une locomotive se traine, jaunâtre, puante et lugubre.
Mr Léon Parrot, ancien maire de Montbéliard et conseiller d’arrondissement, descend du train qui doit arriver de Belfort à 18h48 mais qui a un sensible retard.
Il est ému, très pâle.

– Les allemands viennent de couper la ligne du chemin de fer à Montreux-Vieux… Ils ont supprimé les rails sur un long parcours… Ils se sont emparés de trois locomotive de la compagnie de l’Est qu’ils ont dirigées à l’intérieur… A Belfort, on dit que « ça y est ». Ah ! Les bandits…

Un pli est apporté au maire à 19h40 parle brigadier de police Mougenot.
C’est l’arrêté concernant la réquisition, première étape vers la mobilisation…
Ceux qui savent ont compris.

Le document ne porte aucune date ; il est ainsi libellé :

République Française
Subdivision de Région de Belfort – Commune de Montbéliard
Arrêté de Réquisition
Le Ministre de la Guerre,
Vu la loi du 3 juillet 1877 relative aux réquisitions militaires;
Vu le décret du 2 août 1877, portant règlement d’administration publique pour l’exécution de la loi sur les réquisitions militaires et notamment de l’article 2 dudit décret,
Arrête :
Le droit de réquisition est ouvert dans la commune de Montbéliard, à partir du 31 juillet 1914

Le Ministre de la Guerre

Départ de la garnison pour la frontière ; ouverture du droit de réquisition dans la ville de Montbéliard ; un troisième élément allait être fourni à l’opinion pour l’entrainer vers un pessimisme sans rémission.

Autour de 20h, on vit les facteurs quitter précipitamment la poste, et courir de maison en maison… Ils distribuaient les ordres de convocation individuelle appelant réservistes et territoriaux sous les drapeaux.

C’était la mobilisation partielle.

Des voitures arrivent, bondées de mobilisés, de parents et d’amis qui leur font la conduite jusqu’à la gare. Des bandes montent la rue Cuvier, les hommes se tenant par le bras derrière un drapeau qui flotte. Le chant des Girondins éclate sur la foule où passe un frisson :

Par la voix du canon d’alarme
La France appelle ses enfants…

Elle les appelle de la ville et des campagnes et tous, pauvres e riches, citoyens de tous âges et de toutes conditions, ils accourent à la voix de la Patrie menacée. »

livre Montbéliard, p.9-10-11

Centenaire 1914-1918 / 2014-2018

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