vendredi. A 5 heures un aviatik venant de l’est s’est approché de la ville. Il est canonné, et un avion français lui donne la chasse.
A 7h45, un nouvel oiseau boche – peut-être le même- réapparaît dans le ciel montbéliardais. Il reçoit, pendant vingt-cinq minutes, environ cent coups de canon, puis disparaît à l’est.
Un gros éclat d’obus a frappé le toit du bâtiment des Halles. Un obus qui n’a explosé qu’en touchant le sol, est tombé à Sochaux près de la maison Beck.
Lors de la première alerte, le clairon n’a sonné qu’au milieu de la canonnade. Les Montbéliardais réveillés se sont empressés de descendre dans les rues. Ce n’est pas précisément le but que l’Autorité militaire poursuivait…
Voici en quel jargon, dans le Petit Comtois du 29, nous réussissions à parler des taubes de la veille. « Les Cigognes. – Vendredi à 5 heures, une cigogne d’une espèce assez répandue depuis quelques temps dans nos parages (la ciconia crucinigra (*) de notre Cuvier), s’est approchée des tours du château. De mauvais gamins – cet âge est sans pitié – l’ont bombardée à coups de pierres. A 8 heures, le pauvre oiseau essaya vainement de se rapprocher une seconde fois du château, car nos gamins ont renouvelé leur jeu.
Les Montbéliardais, par cette belle matinée de printemps, s’étaient répandus à travers champs à travers champs et suivaient avec intérêt les péripéties de cette petite guerre.
(*) On sait que les avions allemands portent Deux croix noires sous les ailes.
Le Petit Comtois du 29 avril 1916