Archives de catégorie : Jean-Marie BENAS

Jean-Marie Bénas : Journal Officiel du 11 décembre 1919

Je ne sais pas pourquoi je ne suis jamais allé chercher le Journal Officiel de la publication de la « récompense » de son sacrifice.

C’est chose faite.

Jean-Marie Bénas avec ses camarades « glorieusement » victimes de la folie meutrière des hommes.

Mort à 20 kilomètres de sa famille, laissant une jeune veuve et un petit garçon de 4 ans. Comme tant d’autres qui n’ont pas voulu ça.

La page sur Gallica

BENAS : Monument aux Morts de Gueugnon

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Bien qu’ayant quitté sa région d’origine depuis quelques années, sa ville natale lui a rendu hommage ainsi qu’à ses camarades tombés au champ d’honneur comme lui.

Il figure ainsi sur le Monument aux Morts de sa commune de naissance, Gueugnon.

(merci au Service Communication de la Ville de Gueugnon pour les photos)

Déplacements du 235ème du 01/08/14 au 16/08/14

Extrait de la carte IGN "Grande Guerre 1914-1918" 1:410000
Extrait de la carte IGN « Grande Guerre 1914-1918 » 1:410000

Sur cette carte j’ai indiqué où il se trouvait chaque jour pour que l’on puisse se représenter les déplacements de son régiment, le 235ème RI.

La grosse ligne noire verticale représente le front tel qu’il était en octobre 1914, c’est à dire 2 mois plus tard. Deux mois de combats acharnés, déjà beaucoup de morts et un front qui n’a presque pas bougé…

Billet d’hôpital du 15 août 1914

Je viens de recevoir de la part du Service des Archives Médicales Hospitalières des Armées (SAMHA) le billet d’hôpital relatif à l’hospitalisation de Jean-Marie BENAS.

Il est indiqué les blessures reçues qui entraineront sa mort le lendemain. J’y apprends aussi l’heure du décès et la compagnie de laquelle il dépendait.

Quant aux circonstances, impossible de savoir. Faisait-il partie de ses 300 soldats portés disparus sur le champ de bataille suite aux combats du 13 août ? A-t-il été blessé dans d’autres circonstances ?

Toujours est-il qu’avec « une fracture de la cuisse » et « une plaie pénétrante de la tête par balle« , il avait peu de chances de survivre et quelles souffrances a-t-il dû endurer… Il n’est pas mentionné de soins prodigués (paragraphe vierge à « moyens curatifs déjà employés » donc on peut supposer qu’il n’y avait pas grand chose à faire pour le soigner vu la gravité de ses blessures.

Les premiers casques, le fameux Adrian M1915, n’a fait son apparition qu’à partir de 1915, car dans les premiers mois de la guerre seul le képi protégeait le soldat de l’enfer des obus et des balles. Aurait-il survécu s’il avait eu ce casque ?

Billet hôpital 16/08/1914

16 août 1914 : Mort pour la France

Jean-Marie BENAS décède des suites de ses blessures le 16 août 1914 à l’hôpital militaire de Belfort.

Est-ce lié à la terrible bataille du 13 août qui a fait tant de dégâts parmi les soldats, dont nombre d’entre eux furent abandonnés sur le champ de bataille ?

Son dossier médical, s’il existe, pourrait permettre de savoir précisément de quelle blessure il s’agit (demande en cours au SAMHA).

Parmi les 3 poilus de la famille il est donc le premier victime de cette guerre qui n’en finira pas de tuer pendant 4 ans et demi grâce à l’ingéniosité humaine pour massacrer le mieux possible son prochain.

Son frère jumeau, Jean-Louis BENAS, est normalement dans le même régiment. Quand et comment a-t-il appris le décès de son frère ? Il sera lui-même grièvement blessé le 1er octobre 1914 et perdra un oeil.

Comme tant d’autres poilus, Jean-Marie laisse derrière lui une veuve et un petit garçon de 4 ans qui n’aura jamais revu son père, mort 2 semaines après le début des hostilités.

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Son registre matricule, sinistrement barré d’une diagonale indiquant son décès précise : a obtenu la médaille militaire par arrêté ministériel du 18 octobre 1919 publié au journal officiel du 11 décembre 1919. Soldat remarquable par son courage et son dévouement. Blessé grièvement à Montreux-Jeune. Mort des suites de ses blessures le 16 août 1914.

13 août 1914

A 5h30 arrive l’ordre de rester sur ses emplacements et de compléter l’organisation défensive de la position est donné au 235ème.

A 8h une colonne ennemie de force indéterminée est signalée en marche de Manspach sur Romagny et Magny .

A 9h30 à Magny occupée par la 24ème compagnie (Daclin ?) est attaqué. Cette attaque est repoussée. 3 tués 9 blessés.

A 15h30, bombardement violent à Montreux-Jeune puis attaque violente sur tout le front Montreux-Jeune – Magny.

Cette attaque s’étend peu à peu sur la droite 235ème qui protège les éléments 260ème.

A19h les compagnies de 260ème assurant la liaison avec le 235ème et le 260ème battu en retraite. Le 235ème a découvert sur son flanc droit est obligé de se replier.

Il avait entre temps été renforcé par 1 Compagnie 1/2 à la garde de Montreux-Château (l’autre 1/1 Compagnie ayant servie de ???? à l’artillerie.

Le mouvement de retraite s’exécute par le pont de Montreux-Château et les écluses de canal ainsi que par des passerelles établies à l’avance sur le ruisseau PAr les soins du 5ème Bataillon.

Le 235ème se rallie à Novillard, cantonne à Vézelois (minuit)

JMO

Montreux-Jeune, occupé par les compagnies que commandent les capitaines BOYER-RESSÈS et MATHIEU, a été très fortement organisé.

Vers la fin de l’ après-midi, l’ennemi débouche du village de Romagny et des bois qui font face à Montreux-Jeune. Les troupes allemandes qui viennent de Romagny se précipitent sur le Moulin de la Caille et sur Magny où nos 22ème et 24ème compagnies sont bousculées. Le capitaine JAPY qui commande la 22ème Cie, est tué au Moulin de la Caille. Mais à Montreux-Jeune, les compagnies BOYER-RESSÈS et MATHIEU qui viennent de renforcer les compagnies HADET et RÉMY— tout le 5ème Bataillon — font bonne contenance dans de solides tranchées, ce qui prouve que, même au début de la guerre, il y avait des régiments où l’on savait remuer la terre.

Bientôt une grêle de balles s’abat sur Montreux-Jeune, en même temps que les projectiles de l’artillerie lourde de campagne ennemie éclatent de toutes parts avec fracas. Et le combat continue ainsi jusque vers 7 heures du soir. A ce moment, les troupes allemandes qui se sont emparées du Moulin de la Caille et de Magny contournent Montreux-Jeune par le sud, se heurtent aux 21ème et 23ème compagnies qui exécutent une contre-attaque au cours de laquelle les capitaines CASENAVE et DUBAIL sont tués.

Les débris des deux compagnies se replient et, dès lors, la position de Montreux-Jeune va devenir intenable. Ordre est donné au 5ème Bataillon de battre en retraite. Les capitaines BOYER-RESSÈS, HADET, RÉMY sont blessés ; le capitaine MATHIEU est tué.

Maintenant la nuit est venue. Les Allemands sont entrés dans Montreux-Jeune , mais ils ne poursuivent pas. Quant au 235ème il continue sa retraite vers l’ouest et, aux environs de minuit, se reformera à Vézelois. Les pertes étaient lourdes.

Sur les huit capitaines qui commandaient les compagnies, sept étaient hors de combat : 4 tués, 3 blessés. On avait pu transporter 7 officiers et une soixantaine de sous-officiers et soldats blessés.

Mais il manquait 300 hommes classés comme « disparus » parmi lesquels se trouvaient bon nombre de tués et de blessés laissés sur le terrain.

Historique 235ème

Situation géographique du 13 août 1914

12 août 1914

Le 235ème reçoit l’ordre de quitter ses cantonnements de Manbach et Alternach pour gagner la région de Petit Croix où il prendra une formation de rassemblement prêt à se porter vers l’Est.

Le mouvement commence à 6h. Le 235ème est en queue de la colonne formée par le 113ème. Le 5ème Bataillon est arrière-garde.

Romagny, Montreux-Jeune, Montreux-Vieux, Montreux-Château où le 6ème Bataillon s’arrête pour former les avants-postes.

A 16h, la brigade recevant l’ordre de se porter au devant de colonnes débouchant de Valdieu, le 235ème laissant 2 compagnies à Montreux-Château (21ème et 23ème) forme l’avant-garde avec le 5ème Bataillon.

2 Compagnies du 6ème Bataillon (22 et 24) en flanc garde l’itinéraire de la colonne Montreux-Château – Montreux-Jeune par le chemin de terre.

Itinéraire de la flanc-garde côté gauche (?) Moulin de la Caille.

Au moment où l’avant-garde atteint Montreux-Jeune elle reçoit l’ordre d’arrêter son mouvement.

Le 235ème (6 compagnies) forment les avants-postes sur la ligne réservoir Moulin de la Caille – Pont de Magny

JMO

Au cours de cette journée du 12, il est formé une armée d’Alsace sous les ordres du général PAU et les opérations en Haute-Alsace qui viennent d’échouer une première fois vont être reprises. Pour le moment, il s’agit d’empêcher les forces allemandes qui nous ont suivis dans notre mouvement de recul sur la frontière de tourner Belfort par le sud. C’est à quoi s’emploiera la 57ème division de réserve et c’est dans l’accomplissement de cette mission que le 235ème livrera le combat de Montreux-Jeune.

Historique 235ème

Situation géographique via Géoportail

11 août 1914

Le 235ème se replie sur Mansbach (6ème Bataillon et EM) et Alternacht (5ème Bataillon).

Départ 6h – Arrivée 10h

Avants-postes sur la ligne st-Ulrich cycles (?!) où le 5ème Bataillon se relie avec le 260ème ——- ouest des bois de Bruken (?) jusqu’à la voie ferrée où le 6ème Bataillon se relie avec les avants-postes du 244ème.

Situation géographique du 11/08/14 via Géoportail :

http://geoportail.fr/url/7FFQAm

10 août 1914 : Départ pour alerte

Le 235ème se porte sur Altkirch puis reçoit l’ordre d’occuper Carspach et Altkirch où il se rallie avec les avants-postes du 260ème.

Le 5ème Bataillon est à Carspach, EM (« état-major » ?) et 6ème Bataillon à Altkirch.

Dans la nuit du 9 au 10, à la suite de combats très violents, tout le 7ème corps recule sur la frontière.
Le 10 août le 235ème avance davantage vers l’est et occupe Altkirch et Carspach.
Mais les allemands ne se trouvent pas de ce côté. Le régiment qui, par là, n’a pas l’occasion de tirer un seul coup de fusil suit le mouvement général de repli du 7ème corps vers l’ancienne frontière.

JMO

Historique 235ème