2 août 1914 : Ordre de Mobilisation des travailleurs civils

« La mobilisation a privé la presse des informations de la dernière heure. Le Petit Comtois, en raison des circonstances, n’a pu avoir de communication téléphoniques avec Paris. Il se borne à publier les télégrammes parvenus la veille, dans la journée : proclamation du kaiser, déclaration de l’état de siège en Allemagne.
Il annonce que les corps d’armées allemands se massent à la frontière française.

La vision des cohortes mécaniques hérissées de casques à pointe et dont on croit entendre le pas lourd derrière les Vosges, redouble l’anxiété des esprits.
L’Entente cordiale résistera-t-elle à l’épreuve ? Nos amis les anglais, ces pratiques marchands, n’étant point immédiatement intéressés dans le conflit, trouveront-ils au fond d’eux-mêmes, dans un sursaut d’indignation, l’idéalisme nécessaire pour nous tendre la main ?

Et l’Italie que fera-t-elle ? Si un frêle lien diplomatique l’attache encore aux empires centraux, on sait que le peuple est resté avec nous. Hier l’Italie désapprouvait l’ultimatum à la Serbie. On demeure confiant. On estime que jamais notre sœur latine ne participera à une agression contre nous.

La proclamation du président Pointcaré est maintenant affichée contre les murs.

Elle exprime, avec des qualité de sobriété, de précision et de clarté qui n’appartiennent qu’à notre langue, ce que chacun des Français, à ce moment solennel, depuis le savant à l’illettré, pense en lui dans sa raison, éprouvé dans sa conscience et ressent dans son cœur..
La mobilisation n’est pas la guerre, dit le chef de l’état. Elle apparaît comme un moyen, le meilleur pour « assurer la paix dans l’honneur ».

On applaudit à ce langage si digne, qui ne ferme pas tout à fait la porte à l’espérance. Et pourtant il ne désillusionne personne.

La journée du 2 août fût marquée par un gros événement. De grands placards portaient à la connaissance des citoyens un arrêté mobilisant tous les hommes valides de 16 à 60 ans, non soumis aux obligations militaires, pour compléter les travaux de défense de la place (terrassement et déboisement).
Esclaves du préjugé, bien des personnes, outre la répugnance qu’elles éprouvent pour le moindre effort musculaire, considèrent encore aujourd’hui le travail manuel comme une déchéance.
prendre une pioche, traîner une brouette, même pour la défense de leur patrie, parut à quelques-uns particulièrement dur et pénible.
Par contre, on rencontra des hommes qui, au lieu de se croire diminués par cette corvée, s’en trouvèrent grandis. Comprenant la beauté morale de l’acte qu’on exigeait d’eux, ils partirent avec joie.
Comme le paysan du poète anglais, au manche de leur outil ils avaient accroché une étoile. »

Livre Montbéliard p.15.16.17.18

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