Une réflexion sur « 20 novembre 1914 »

  1. 20 novembre 1914. Courmelles

    Il gèle à pierre fendre. Mais le soleil s’est levé radieux sur les champs couverts de neige ; et par cette belle journée si gaie, si pure, si calme, comment se douter que la France est en guerre, que cette colline, si bleue, là-bas, est la plate-forme de canons ennemis, que sur cette crête, dans ce petit bois rosi par le soleil couchant, des hommes figés par le froid reçoivent dans les jambes des boîtes à mitraille ?

    Mais soudain voici qu’un spectacle de guerre nous est donné dans le ciel si bleu. Depuis quelques minutes, un avion allemand faisait au-dessus de nous des cercles et des huit, observant les travaux de retranchement de nos troupiers sur le plateau de l’Arbre de Bourges, quand apparaît, à l’horizon, venant de Reims un avion anglais. Il vole haut. Il aperçoit l’oiseau ennemi. Il le survole. Nous entendons crépiter la fusillade des mousquetons. Tout cela est très net, car pour éviter le combat l’allemand s’est rapproché à 300m du sol. Tout à coup une fumée noire enveloppe le biplan de l’adversaire. Que se passe-t-il ? Brûle-t-il ? Est-ce simplement l’échappement des gaz ? Nous ne savons. Toujours est-il que l’anglais décrit au-dessus de lui un large cercle comme pour couronner son succès, tandis que l’allemand s’en va piquer du nez sur la rive droite de l’Aisne, entre les lignes allemandes et les lignes françaises.

    Quelques temps après des artilleurs nous disent qu’une pièce de 75 aurait détruit l’oiseau gisant à terre et ceux qui le montaient.

    « Maurice Bedel Journal de guerre 1914-1918 »

    http://www.nrblog.fr/centenaire-14-18/2014/11/20/20-novembre-1914-il-gele-a-pierre-fendre/

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