6 septembre 1916 : la guerre aérienne

Mercredi. A 17h30, un ballonnet allemand de couleur jaune, poussé par le vent d’Est, vient s’accrocher à un arbre dans la propriété Berthier, à la Citadelle.

Il renfermait un stock de ces factums en date à Berlin du 26 juillet 1916, dont le texte a déjà été publié par la presse.

Dans cette proclamation « aux Français », les Allemands se plaignent de nos raids d’avions qui sont ordonnés, disent-ils, par notre Président Poincaré, « esclave de l’Angleterre ». C’est un plan anglais qu’il exécute. En suscitant des représailles, nos aviateurs cherchent chez nous « à attirer de nouveau la colère et la haine contre l’Allemagne ».

« L’Allemagne, est-il dit encore, fait la guerre aux armées françaises, elle ne la fait pas à la population civile, aux femmes et aux enfants… en cas de récidive, l’Allemagne se verrait obligée de prendre des mesures semblables à fins de se défendre. »

Les Boches sont bien honnêtes en nous menaçant de représailles. Comment expliquent-ils alors les onze cadavres de femmes et d’enfants massacrés par les bombes de leurs avions, à Lure (Hte-saône), le 6 juillet dernier, soit vingt jours avant la publication du factum qui nous menace ?

Leur hypocrisie est égale à leur cruauté.

Livre Montbéliard p. 221