Le 3 août est en fait le jour de la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France mais à Montbéliard l’information n’était pas encore arrivée, comme probablement dans d’autres villes de province.
Voici ce qui s’est passé pour les monbéliardais le jour du 3 août 1914.
« Ce jour-là les journaux firent défaut, jusqu’au 19 août à cause de la mobilisation.
Dans la matinée, on apprit des faits extrêmement graves.
La veille, à dix heures du matin, une patrouille allemande de chasseurs à cheval était entrée dans Joncherey. Un caporal du 44 ème régiment d’infanterie avait été tué par une balle allemande ; un officier allemand était resté également sur le terrain.
Les gens de la vallée disait que ce caporal qui appartenait à la compagnie du Lomont n’était autre que l’instituteur Peugeot.
Il y eut une grosse émotion en ville.
Les allemands sur notre territoire, les allemands répandant le sang des nôtres à quelques kilomètres de chez nous !…
Alors on se battait, la guerre était donc déclarée ?
Puis on se reprit à espérer. Du côté de Delle, l’Alsace et la Suisse sont porches. Les allemands qui, ainsi que nous, surveillent la frontière ont pu s’égarer, et les fusils dans la surprise d’une rencontre, partirent tout seuls.
Cette explication dictée par la logique des sentiments ne satisfait personne ; mais on l’accepte pour ne pas en trouver une pire…
Dans l’après-midi, un télégramme du préfet du Doubs informa les sous-préfets du département que l’état de siège était déclaré pour tout le territoire. sauf la Tunisie.
Ces mots »états de siège » firent une grosse impression sur la population en suscitant en elle de vagues images d’émeute et de massacre. Elle donne seulement le droit à l’autorité militaire de se saisir des pouvoirs dévolus à l’autorité civile pour le maintien de l’ordre et la police.
Elle investit en outre l’autorité militaire des quatre pouvoirs exceptionnels ci-après :
– perquisitions jour et nuit au domicile des citoyens ;
– éloigner les repris de justice ;
– ordonner la remise des armes et munitions ;
– interdire les publications et réunions jugées de nature à exciter ou entretenir le désordre.
En vertu de l’état de siège, le port des armes fut interdit aux particuliers et l’autorité militaire réglementa la circulation et tous les moyens de transports.
A 18h, la sous-préfecture communiquait à l’hôtel de ville un télégramme du ministère de l’intérieur.
Entre autres nouvelles, il nous apprenait que des détachements allemands avaient, sur quelques points, violé la frontière et razzié du bétail, notamment aux environs de Belfort.
Il nous apprenait également que le gouvernement italien avait notifié officiellement au gouvernement français la déclaration de neutralité de l’Italie.
Une grande joie exalta la foule à la publication de cette dépêche.
Les prussiens, cette fois, pouvaient venir, puisque l’Italie les abandonnait, puisque demain, peut-être, elle se rangerait à nos côtés et marcherait avec nous… »