Madame, en réponse à votre lettre du 22 j’ai le regret de vous annoncer qu’à la suite du combat du 12 le soldat Rocher n’a pas reparu à ma compagnie.
De l’enquête à laquelle je me suis livré il résulte que votre mari a du être fait prisonnier mais non blessé
Recevez, madame, mes salutations distinguées
Cette carte fait froid dans le dos quand on la lit doucement, mot par mot. La phrase est construite d’une telle manière qu’on s’attend à l’annonce d’un drame inéluctable, jusqu’à la lecture des 2 derniers mots « non blessé ».
La première fois que j’ai eu cette carte dans les mains, j’ai imaginé Emilienne ouvrant sa boîte aux lettres face à un courrier officiel de l’armée, et sa réaction à la lecture de son contenu, l’angoisse montant au fur et à mesure jusqu’à la « délivrance » de la fin de la phrase.