Alsaciens-Lorrains

Les Alsaciens-Lorrains bénéficiaient d’un régime de faveur spécial.

Ceux qui étaient établis depuis longtemps en notre ville et dont on connaissait les origines et les sentiments français étaient laissés libres de conserver leur résidence sans conditions.

Ceux dont on était moins certain pouvaient rester si un des membres de leur famille contractait le deuxième jour au plus tard un engagement dans la Légion étrangère.

Aucune famille alsacienne-lorraine ne pouvait continuer à séjourner si un de ses membres avait quitté la France pour obéir à l’ordre de mobilisation.

Quant aux familles ayant des membres sous les drapeaux ou dont les sentiments francophiles étaient notoirement connus, si elles désiraient refluer sur l’intérieur, on facilitait leur déplacement et on inscrivait sur leur sauf-conduit la mention : Alsaciens-Lorrains.

Grâce à ces dispositions, les Alsaciens-Lorrains même étant en âge de servir pouvaient rester à Montbéliard et continuer d’y exercer leur profession, alors que leurs collègues originaires des autres provinces, étaient aux armées.

Tel est le cas d’un négociant alsacien, ayant fait son service militaire en Allemagne, qui, après la déclaration de guerre, exploitait son commerce comme devant.

Le conseil municipal saisi d’une protestation de ses concurrents mobilisés ne put que « regretter qu’au moment où tous les français sont aux frontières pour défendre la patrie envahie, il y eut parmi les Alsaciens – à qui la loi française a créé une situation privilégiée – des hommes qui pussent méconnaître leur devoir » (délibération du 28 décembre 1914).

L’émotion produite autour de ce cas ne fut sans doute point étrangère à la décision que prit peu après le général gouverneur de Belfort de se prononcer souverainement sur les permis de séjour jusque là accordés par les maires, et, dans certains cas, de les retirer aux titulaires (en principe, la zone des armées ne devaient pas conserver d’étrangers).

Le négociant, dont nous venons de parler, contracta depuis un engagement pour la durée de la guerre et fit très crânement son devoir.

Livre Montbéliard p.169

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