Préfet à Maires du département,
Sur demande instante préfet police vous informe qu’aucun groupe de réfugiés ou évacués ne doit être dirigé sur Paris ou autorisé à y revenir jusqu’à nouvel ordre.
La 109ème Brigade doit reprendre l’attaque ; le 282ème placé dans la même situation que la veille.
L’ennemi a occupé plus fortement la croupe 129 et le régiment ne peut déboucher du parc rive D de l’Aisne et de la gare de Cuffies.
Le régiment passe la nuit à la Verrerie.
La 109ème Brigade doit reprendre comme objectif, la croupe de la cote 129 ; le 289ème marchand sur Cuffies.
Le régiment progresse lentement et parvient à prendre pied sur les premières crêtes de la croupe. A 18 H, le régiment occupe la croupe et arrive à 100 m des retranchements ennemis.
Par suite du recul du 289ème, le 282ème abandonne la croupe et revient à la verrerie.
Puis ce furent les inoubliables journées de septembre, l’offensive générale du 6 où le général Joffre donna l’ordre aux troupes « de se faire tuer sur place plutôt que de reculer ».
Le 8, les Alliés forcent le passage du Petit-Morin. Les allemands cèdent à l’aile gauche. Des combats acharnés se livrent entre la Fère-Champenoise, Vitry-le-François et la pointe sud de l’Argonne.
Le 9, les anglais passent la Marne et poursuivent les allemands vers le nord. Les français sont vainqueurs sur l’Ourcq et à Montmirail.
Le 10, la Garde prussienne est refoulée au nord des marais de Saint-Gond.
Le 11, le centre allemand plie à Sézanne.
C’est le reflux de la vague ennemie derrière l’Aisne et au nord de Reims. C’est la grande victoire de la Marne où notre armée a sauvé la France et la civilisation.
Au fur et à mesure que les bonnes nouvelles nous parvenaient, c’était comme un sang nouveau qu’on transfusait dans nos veines. On respirait, on se détendait, on se dilatait. On se rendait compte, maintenant qu’il se dissipait, de l’affreux cauchemar où tant de jours nous avions été plongés, où nous ne mangions plus, où nous ne dormions plus. On renaissait à la vie, on y retrouvait du prix, on voulait vivre pour acclamer la victoire complète et décisive.
Deux Compagnies reçoivent l’ordre de s’engager dans le parc qui se trouve rive D de l’Aisne, entre cette rivière et la station de Cuffies, avec prudence,dans la direction de la cote 129.
Elles sont arrêtées par le feu des mitrailleuses placées sur la première crête de la croupe 129.
Le Capitaine GUILLAUTEAU est tué.
La 55 DR doit franchir l’Aisne par la distillerie et la verrerie de Vauxrot et se porter sur Pasly.
Le 282ème passe l’Aisne à Soissons à 4 heures par le pont de bateaux et la passerelle du faubourg de Reims.
Le régiment est placé en réserve à la verrerie de Vauxrot, commune de Cuffies et met cette usine en état de défense.
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Reprise de la marche par la route de Paris. Le 282 ème est placé en réserve au sud de Vauxbuin où il cantonne.
« Chère Emilienne, tout va bien et je crois pour vous cela vas bien, mes camarades aussi. J’ai rien reçu depuis que tu est venue me voir, cela me surprend pas. Je crois que tu dois avoir reçue les miennes. Celui qui vous aîme et qui vous embrasse.
Rocher Georges »
et en haut à droite : « A bientôt, les jours sont long loint de vous »