Le renchérissement du coût de la vie que nous avons examiné ailleurs, atteignit d’abord l’alimentation, puis le chauffage et l’éclairage, enfin le vêtement. L’élévation des salaires dans l’industrie permit aux ouvriers de se tirer d’affaires. Les familles comptant de grands enfants dans les usines connurent même l’aisance. Les principales victimes de la crise furent les petits rentiers, les petits fonctionnaires de l’État et surtout les petits propriétaires vivant des loyers de leurs immeubles.
Protégés par le moratorium, les locataires qui pourraient s’acquitter, cessent souvent de payer leurs loyers. Et tandis que les propriétaires se resserrent, meurent quasi de faim, meurent quelquefois réellement, ils font bombance en achetant à tout prix fruits rares, primeurs, morceaux de choix. Pour narguer son propriétaire demeurant au rez-de-chaussée, un locataire féroce descendait par la fenêtre, au bout d’une ficelle, des os de poulet qu’il lui faisait danser devant le nez…