12 novembre 1914

Le bombardement a duré toute la nuit. Le 7ème Corps à notre droite attaque Noyon, la 55ème Division tient l’ennemi sur le front.

Une reconnaissance sur Cuffies a été arrêtée par le feu aux maisons N du calvaire par les allemands vers 16h. La canonnade continue toute la nuit.

3 blessés : 1 sergent blessé Rabourdin, le soldat Thurignenen ? de la 20ème.

JMO

Situation géographique au 12 novembre 1914

Une réflexion sur « 12 novembre 1914 »

  1. 12 novembre 1914. Courmelles.

    Depuis minuit canonnade immense. On dirait le bruit de plaques de zinc fantastiques remuées dans de fantastiques réservoirs.

    Sur toute la ligne de l’Aisne, toutes les pièces donnent et leurs voix se mêlent en un chœur monstrueux.

    Nuit shakespearienne. Ma chambre tremble. Mes vitres vont certainement céder sous l’ébranlement de l’air. Le vent souffle en tempête, la pluie tombe à torrents. Nuit sinistre. Nuit d’enfer, de fin du monde… Nuit indescriptible avec des mots. Il me faudrait des bruits pour la décrire : il me faudrait les sifflements mêlés du vent et des obus, les tonnerres confondus de l’ouragan et des canons.

    Je descends dans la rue au petit jour : tous les troupiers sont déjà dehors, s’attendant à partir. L’un d’eux me dit, en roulant sa cigarette : « J’ crois qu’i causent, par là… »

    Vers 10h la canonnade s’atténue. La fusillade prend une soudaine intensité. Du côté des carrières de Pasly je n’aperçois rien. Tout se passe à notre droite et surtout à notre gauche du côté de Vic-sur-Aisne. C’est par là que les trois autres bataillons doivent être engagés. Ils sont partis cette nuit à 1h. Depuis nous n’en avons aucune nouvelle.

    A trois heures, sous un ciel d’ouragan, la canonnade reprend avec une rage nouvelle : nous avons à notre gauche 264 pièces qui tirent ! Les Allemands répondent faiblement. Cuffies, occupé par eux, est en feu. Le vent emporte par fins écheveaux, vite évanouis, la fumée bleue du village qui brûle. Saint-Jean-des-Vignes préside à cet infernal sabbat, dressé tout noir sous le ciel noir, avec sa flèche épointée et sa flèche ébréchée. Des corbeaux volent en masse au-dessus de Courmelles, fuyant le canon. Régulièrement, toutes les minutes, un énorme obus français tombe sur Cuffies et éclate avec un fracas qui fait trembler le ciel et la terre. Plus loin, en aval de Soissons, des fumées s’élèvent : c’est Vic-sur-Aisne qui brûle à son tour. Le 7ème corps opère par là.

    A mesure que la nuit tombe l’intensité de la canonnade augmente. Il n’y a plus d’intervalle perceptible entre les coups de canon : c’est un roulement continu. Et la grande lueur de Cuffies en feu éclaire les nuées basses de l’ouragan.

    Maurice Bedel « Journal de guerre 1914-1918 »

    http://www.nrblog.fr/centenaire-14-18/2014/11/12/12-novembre-1914-depuis-minuit-canonnade-immense/

N'hésitez pas à commenter, c'est un blog de partage !

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.