12 novembre 1914

Pour faciliter l’attaque du 7ème Corps d’Armée sur Nouvron, le 5ème Gr ? de Division de Réserve doit s’engager sur tout le front en prononçant l’attaque principale sur Perrieres.

Enlever d’abord la ligne de tranchées qui couvrent ce point d’appui au sud de la route de Maubeuge. Cette attaque doit être exécutée par les troupes occupant la croupe Est de Crouy : 2 Bataillons de la réserve, 1 Bataillon de  Chasseurs, et 1 Bataillon de Bucy le long. Le flanc droit est couvert par la Brigade mixte. L’attaque doit être exécutée à 8h 30 et précédée du tir d’artillerie.

Le 5ème Bataillon qui est en réserve à Vauxbuin, reçoit le 11 novembre à 22 heures l’ordre de se porter le lendemain sur Crouy pour 6h 30. Arrivé à ce point, le colonel commandant la Brigade lui donne comme objectif le bois S-O de la ferme Perriere et la ferme (partie S-O). La 17ème Compagnie attaque le 1er objectif. La 20ème le second et les 18ème et 19ème sont placées en seconde ligne, la 19ème couvrant le flanc gauche avec 1 section.

En arrivant sur la crête, la 1ère ligne est arrêtée par un feu violent d’infanterie et d’artillerie et occupe les tranchées du 246ème protégées par des réseaux de fil de fer. A trois reprises, la 17ème se lance en avant et 3 fois elle est ramenée en arrière par un feu très ajusté. Le chef de Bataillon et le Commandant de la 17ème Compagnie blessés, sont obligés d’abandonner momentanément leur commandement. 2 sections de la 20ème Compagnie sont portées plus à droite et gagnent 25 mètres en avant, mais aussitôt elles sont clouées sur le sol par le feu de mitrailleuses. La situation va rester stationnaire, la liaison est assurée avec le 204ème. Des tranchées sont creusées la nuit et reliées par des boyaux de communication avec les tranchées des 246ème.

Le Bataillon reste sur place la nuit du 12 au 13 et toute la journée du 13. Le soir les 17ème, 18ème, et 19ème sont ramenées en arrière des tranchées occupées par le 246ème, la 20ème restant en réserve au nord de Crouy.

JMO

Situation géographique au 12 novembre 1914

3 réflexions sur « 12 novembre 1914 »

  1. 15 novembre 1914. Courmelles

    …Et il est solide, solide, solide… Le résultat de la journée du 12 ? Douze heures d’assaut, quinze cents hommes hors de combat, plusieurs millions de francs dépensés par l’artillerie pour obtenir ce mince petit appoint au communiqué officiel du 13 : « Au nord de l’Aisne nous nous sommes emparés de Tracy-le-Val à l’exception du cimetière au nord-est de ce village ; nous avons progressé légèrement à l’est de Tracy-le-Mont et au sud-est de Nouvron, ainsi qu’entre Crouy et Vrégny, au nord-est de Soissons.» Les deux Tracy se trouvent au N-E de la forêt de Laigne.

    « Maurice Bedel Journal de guerre 1914-1918 »

    http://www.nrblog.fr/centenaire-14-18/2014/11/15/15-novembre-1914-douze-heures-dassaut-quinze-cents-hommes-hors-de-combat/

  2. 12 novembre 1914. Courmelles.

    Depuis minuit canonnade immense. On dirait le bruit de plaques de zinc fantastiques remuées dans de fantastiques réservoirs.

    Sur toute la ligne de l’Aisne, toutes les pièces donnent et leurs voix se mêlent en un chœur monstrueux.

    Nuit shakespearienne. Ma chambre tremble. Mes vitres vont certainement céder sous l’ébranlement de l’air. Le vent souffle en tempête, la pluie tombe à torrents. Nuit sinistre. Nuit d’enfer, de fin du monde… Nuit indescriptible avec des mots. Il me faudrait des bruits pour la décrire : il me faudrait les sifflements mêlés du vent et des obus, les tonnerres confondus de l’ouragan et des canons.

    Je descends dans la rue au petit jour : tous les troupiers sont déjà dehors, s’attendant à partir. L’un d’eux me dit, en roulant sa cigarette : « J’ crois qu’i causent, par là… »

    Vers 10h la canonnade s’atténue. La fusillade prend une soudaine intensité. Du côté des carrières de Pasly je n’aperçois rien. Tout se passe à notre droite et surtout à notre gauche du côté de Vic-sur-Aisne. C’est par là que les trois autres bataillons doivent être engagés. Ils sont partis cette nuit à 1h. Depuis nous n’en avons aucune nouvelle.

    A trois heures, sous un ciel d’ouragan, la canonnade reprend avec une rage nouvelle : nous avons à notre gauche 264 pièces qui tirent ! Les Allemands répondent faiblement. Cuffies, occupé par eux, est en feu. Le vent emporte par fins écheveaux, vite évanouis, la fumée bleue du village qui brûle. Saint-Jean-des-Vignes préside à cet infernal sabbat, dressé tout noir sous le ciel noir, avec sa flèche épointée et sa flèche ébréchée. Des corbeaux volent en masse au-dessus de Courmelles, fuyant le canon. Régulièrement, toutes les minutes, un énorme obus français tombe sur Cuffies et éclate avec un fracas qui fait trembler le ciel et la terre. Plus loin, en aval de Soissons, des fumées s’élèvent : c’est Vic-sur-Aisne qui brûle à son tour. Le 7ème corps opère par là.

    A mesure que la nuit tombe l’intensité de la canonnade augmente. Il n’y a plus d’intervalle perceptible entre les coups de canon : c’est un roulement continu. Et la grande lueur de Cuffies en feu éclaire les nuées basses de l’ouragan.

    Maurice Bedel « Journal de guerre 1914-1918 »

    http://www.nrblog.fr/centenaire-14-18/2014/11/12/12-novembre-1914-depuis-minuit-canonnade-immense/

  3. L’absurdité de cette guerre dans toute son horreur, froidement décrite dans un JMO militaire.
    Au bout de la description factuelle de la tactique militaire de la journée, combien de soldats massacrés pour rien une fois encore ?

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