Vie morale (2/3)

MOEURS DE L’ENFANT

Le père aux armées, la mère à l’usine, l’enfant se trouve sans soins, abandonné. Vols, larcins, maraudage.

L’instruction des enfants est négligée. On leur a pris leurs maîtres ; on leur a pris, comme au collège, jusqu’à leur école. Ils apprennent comme ils peuvent, quand ils peuvent, où ils peuvent, dans des locaux quelquefois sans feu (hiver 1916-17). Et puis, si intéressant que soit le siège d’Alésia, la résistance formidable de notre Verdun les passionne davantage ; ils apprennent à lire dans les journées dont ils suivent les communiqués. Le bruit du canon jour et nuit, la vie au milieu des troupes qui passent, la menace constante d’une attaque, les avions, les tirs de barrage, les bombardements aériens, voilà bien des circonstances atténuantes pour nos enfants, premières et innocentes victimes de la guerre.

Des mesures sont prises par la municipalité pour réprimer le vagabondage des rues et assurer la scolarité. Elles réussissent partiellement, rencontrant de trop nombreux obstacles.

Par contre, toute une jeunesse ardente développe son corps dans les exercices physiques, se fait du muscle. La patrie d’abord, la race ensuite en bénéficieront.

Livre Montbéliard p.69-68

8 octobre 1914 : carte postale envoyée du front

GR081014R GR081014V« Chère Emilienne, tout va bien pour moi et pour mes camarades. Je crois qu’il en est de même pour vous. Je t’avais dit que Camille et Paul Emile Dubois n’était pas dans le même bataillon. On est pas dans la même compagnie m’est dans le bataillon on se voit encore quelques fois cela va bien aussi pour eux. Nous nous sommes pas battus depuis le 5 octobre. Aujourd’hui nous sommes en cantenemant. Depuis hier au soir 7 octobre il fait toujours beau temps, pas bien chaud le matin il ne pleut pas cela est l’esentiel. Surtout ne m’envoie pas plus que ce que je t’ai dit puisque je me suis acheter une paire de chaussettes et un maillot tout cela avec tout ce que j’ai dans mon sac tout cela fait lourd à porter. Tu embrasseras toute la famille pour moi.

Ton mari qui t’embrasse ainsi que Raymonde

Rocher Georges »

(Raymonde est sa fille âgée de 5 ans.)

7 octobre 1914

Même situation dans la journée mais à 22h le régiment est relevé par le 231ème et va occuper les cantonnements de Villeneuve (E.M. et 6ème Bataillon), Belleu (17ème et 18ème ) et Vauxbouin (E.M. du 5ème Bataillon et 19ème et 20ème).

Le régiment doit continuer l’organisation du secteur compris entre le confluent de la Crise et le Chemin Vénizel-Billy sur Aisne exclus.

JMO

Situation géographique du 7 octobre 1914

Vie morale (1/3)

MOEURS DE LA FEMME

Comme c’était prévu et inévitable, la moralité fléchit, surtout celle de la femme.

Faits. Nombreuses sont les infractions pour ivresse, prostitution, outrage à la pudeur, excitations de mineurs à la débauche (1914-18).

Gourmandise (pâtisseries et rayons de volailles mis à sec au lendemain du paiement des allocations). Goût immodéré de la toilette (celle-ci souvent scandaleuse). Egoïsme : des jeunes filles ayant épousé des mobilisés avouent que « si un malheur arrivait, elles auraient une pension ». Sexualité, le séjour des divisions amène la présence ici de professionnelles dont l’exemple est pernicieux surtout pour les ouvrières. Dès 1914, on voit de celles-ci faire des « amis » dans les troupes de passage, les suivre ou les rejoindre dans leurs nouveaux cantonnements (Division marocaine, juillet 1915), même en abandonnant leurs enfants (août 1915). Des femmes cherchent à empêcher leur mari de venir en permission (dans un cas, le mari avait été blessé) ; d’autres s’éloignent de la ville dès que leur infidélité apparaît.

Drames passionnels. La constatation de l’adultère par le mari aboutit généralement à la séparation de fait, au divorce rarement.

Arrestation de faiseuses d’ange ; l’instruction révèle une vingtaine d’avortements (octobre 1916).

Recrudescence des maladies contagieuses. Création à l’hôpital d’un cabinet de consultations (1917).

Conclusions. La femme mariée, demeurée au foyer, sans protecteur, est exposée à toutes les surprises des sens. Tous ces régiments qui viennent au repos, entre deux batailles, ont l’instinct excité. Milieu éminemment favorable à la corruption. La continence de la femme affronte partout le désir exacerbé de l’homme. Et les hommes sont jeunes, entreprenants, parés de gloire, rendus plus séduisants par la mort qui les frôle. Ce sont des passants qu’on ne reverra plus, qui demain peuvent tomber. Parmi celles qui succombent, et il y en a dans toutes les « classes », quelques-unes ont l’excuse d’avoir voulu faire l’offrande d’une grande joie. Chez d’autres, ce dont d’elles-mêmes est peut-être une manifestation inconsciente de patriotisme.

Ce que nous disons des femmes mariées s’applique partiellement aux célibataires. Ici, la lutte morale a été presque nulle, dans la plupart des cas, le milieu, les circonstances n’ont fait que hâter, précipiter l’abandon féminin. L’opinion publique n’est pas hostile. Dans un pays où la vie s’éteint, on est indulgent au geste qui peut en rallumer le flambeau. Les mœurs sont des nécessité sociales.

De la conduite de certaines femmes pendant pendant la guerre, on peut, on doit s’attrister ; mais ce qui s’est passé est compréhensible. S’il en eut été autrement, nous n’aurions pas vécu dans l’humanité, c’est-à-dire au sein d’une animalité supérieure mais encore toute récente et qui ne peut se maintenir qu’à force de discipline.

La guerre a relâché tous les liens, elle a fait régresser certains êtres, incomplètement évolués, vers l’animalité tout court. Ce n’est, aussi bien, qu’une minorité. Toutes les autres femmes, douées d’une forte moralité, se sont encore enrichies moralement pendant ces années de guerre, dans le travail, le dévouement et le sacrifice qui ont suffi à l’expansion de leur activité.

Livre Montbéliard p.68-69

05 octobre 1914 – Attaque sur tout le front

Le 5ème Bataillon laissant 1 compagnie de réserve, reçoit comme objectif le village de Cuffies, puis la croupe au Nord-Est , le 6ème Bataillon le Mont de Cuffies.

Les troupes parviennent à la crête à 18 h, mais le village de Cuffies étant réoccupé par l’ennemi et le 6ème Bataillon ayant été soumis à un feu violent d’artillerie, la crête n’est pas tenue et les positions de la veille étaient reprises à 22 h.

JMO

Situation géographique au 05 octobre 1914