Archives de catégorie : Montbéliard à travers la Grande Guerre

6 août 1914 : Mesures contre l’espionnage

Montbéliard, à la déclaration de guerre, se trouvait placé dans la zone des armées.
Dès le 6 aoùt 1914, en exécution d’ordres ministériels; la circulation fut interdite sur les routes entre 18h (6h du soir) et 6h (du matin).

Le jour et la nuit, automobiles et voitures étaient arrêtées. Elles ne pouvaient poursuivre leur course qu’en montrant au chef de poste un laisser-passer du maire, du commissaire de police ou du commissaire spécial, visé par le commandant d’armes. Le jour, on n’arrêtait pas les piétons mais à partir de 1h, ils devaient produire aussi un laisser-passer.

Les premiers jours de la mobilisation, le passage sous rails, avenue de la prairie, n’était pas gardé militairement. Dans la crainte d’un attentat les habitants du quartier surveillaient ce passage la nuit.

A l’entrée ouest du passage ainsi qu’au passage à niveau de Sochaux, fut placée ensuite une sentinelle du 15ème bataillon de chasseurs à pied dont le dépôt était au Château. D’autres sentinelles intérieures furent établies à différents points de la ville, de sort qu’à partir de six heures du matin, les habitants ne pouvaient plus communiquer avec le Faubourg, le Canal, la Prairie et les Môles.

Pour franchir les postes, il fallait un laisser-passer. Ceux du centre qui avaient à se rendre à la périphérie, pouvaient se procurer cette pièce à l’hôtel de ville, mais ceux de la périphérie parvenus devant les sentinelles étaient obligés de faire demi tour.

Après de nombreux pourparlers et divers incidents, la municipalité finit par obtenir de l »autorité militaire qu’elle déplaçât les sentinelles intérieures, c’est à dire qu’elle les reportât à la limite territoriale de la ville. Mesure qui aurait dû être prise dès le début puisque la circulation intercommunale seule était prohibée entre certaines heures.

Livre Montbéliard p.177.178

Les trains de mobilisation et de concentration

« Depuis la mobilisation, le jour, la nuit, les trains se succédaient sans arrêt. Ils nous arrivaient de Besançon, c’est tout ce qu’on savait d’eux ; et ils roulaient sur Belfort, sur nos forteresses de l’Est, sur nos frontières, une des grandes vagues humaines sorties du réservoir dont la digue était rompue. A certaines gares, les convois de matériel et de ravitaillement se rangeaient pour laisser passer le torrent.

Et quand les monstres (les locomotives) s’arrêtaient, haletants, c’était, dans le soleil d’août, l’apparition d’un train de fête : les voitures décorées de branchages et de guirlandes de fleurs, toutes les portières projetées suspendant sur les marchepieds, d’un bout à l’autre du convoi, des grappes gesticulantes de soldats qui chantaient.

Fous d’enthousiasme guerrier, leurs volontés tendues, leurs âmes où grondaient l’indignation et la colère illuminées par des visions de victoires, ils passaient devant nous, comme emportés dans un rêve.

Le long des wagons couraient des inscriptions à la craie : brèves indications des régiments et de garnisons lointaines, des plaisanteries « La tête à Guillaume ! » « Nous rapporteront ses moustaches ! ».

La foule massée avenue de la gare et, rue Jean-Bauhin, suspendue jusque dans les arbres et les rochers, poussait de grands vivats. On se découvrait : les femmes agitaient les mains, les hommes secouaient leurs chapeaux.

Et quand le train se remettait en marche, de toutes parts s’élevaient les mêmes cris :
« A revoir… Bonne chance… Faites du bon travail… Vive le …ème !

Pendant toute la période de la mobilisation, la gare des voyageurs fut ainsi le centre de la vie active. On s’y rencontrait à toute heure du jour et de la nuit, devant un spectacle sans cesse renouvelé.

Toutes les demi-heures les trains se succédaient : fantassins, soldats du génie, artilleurs, dragons, cuirassiers, hussards, et encore des cavaliers et des chevaux, et toujours de l’infanterie… Les 75 s’alignaient sur des files de voitures qui n’en finissaient plus…

Pendant les premiers jours, les hommes en attendant les trains, formaient des groupes. Mais petit à petit, les groupes se clairsemèrent. La levée générale atteignait les mobilisables les uns après les autres, rongeait la ville qui bientôt fut vide d’hommes.

Des gens qui rentraient de voyage nous disait qu’à Besançon le mouvement des trains sur Vesoul, sur Gray, était pareil, peut-être plus important, et que partout la mobilisation s’opérait d’une manière merveilleuse.
Quand celle-ci fut terminée et que la gare redevint silencieuse, ce fut une souffrance.

Le réservoir de nos forces était vidé. Et on aurait voulu qu’il fût inépuisable,que le flot coulât toujours.

La gare bientôt vit passer d’autres trains : trains irréguliers de blessés, trains sanitaires du mercredi à midi, trains de ravitaillement de tous les soirs.
La gare connut les stations douloureuses des épouses et des mères effondrées sur des paquets, épiant toute la nuit, dans la pluie et le froid, le passage des soldats… »

Livre Montbéliard p.26.27.28

La Déclaration de la guerre à la France

« Ordre de réquisition, le 31 juillet ; ordre de mobilisation, le 1er août ; déclaration d’état de siège, le 2 août ; mobilisation générale des travailleurs civils de 16 à 60 ans, le 3 août ; quels nouveaux devoirs, quelles obligations plus dures encore, la journée du mardi 4 août allait-elle nous imposer ?

A 17h, on vit mr Jean Fuhrer, employé à la mairie, descendre précipitamment les marches du perron.
Au coin de la rue de l’hôtel de ville, le tambour roula… Quelques coups de baguette seulement, car en un clin d’oeil toute la foule qui emplissait la rue se précipita, fit cercle autour du publicateur.

Et alors on entendit la voix de Jean Fuhrer, forte parce qu’il fallait qu’elel portât au loin mais méconnaissable tant elle tremblait d’émotion, proclamer la nouvelle, l’atroce et ignominieuse nouvelle :

Le maire de la ville de Montbéliard porte à la connaissance de la population la dépêche suivante du Ministère de l’Intérieur :
Ambassadeur d’Allemagne a réclamé ses passeports et a quitté Paris après avoir déclaré la guerre à la France…
On annonce ouverture des hostilités…

Le reste, on l’écouta sans comprendre. Puis soudain dans les ténèbres du cerveau cet éblouissement :

La flotte anglaise garantit la France contre la flotte allemande. Si la neutralité belge est violée l’Angleterre usera de toutes ses forces pour la faire respecter. La mobilisation de la flotte et de l’armée est ordonnée.

Enfin, devant le crime accompli, cette protestation, ce cri de volonté et d’indéfectible confiance, que jette le maire de Montbéliard à ses concitoyens :

Vivent à jamais la France et la République !

Les cœurs palpitent ; les gorges serrées, dans un semblable cri, heureuses, enfin se libèrent :
Vive la France !
Vive la République

Et la clameur monte, s’étend, suit à travers la ville les roulements du tambour dont le petit tapin a resserré les cordes…

L’Allemagne qui nous garde rancune de 1871 où elle a eu le tort de permettre à sa victime de se relever, l’Allemagne a résolu d’exterminer les hommes de France, en noyant l’Europe dans le sang.

Notre démocratie laborieuse, notre douce semeuse qui jette à tous vents la bonne semence française de justice et de liberté, voici que la lourde Germania casquée s’avance pour l’égorger.

Nous sommes révoltés et frémissants devant l’injuste agression. Nous irons, nous combattrons, nous vaincrons. nous défendrons notre sol pied à pied contre l’invasion barbare ; nous défendrons l’indépendance des peuples contre le militarisme prussien aspirant à l’hégémonie du monde ; nous défendrons la liberté de tous contre la domination d’un seul.
Notre cause est sainte.
Et la Russie est avec nous. L’Angleterre est avec nous.
L’Italie est neutre.
Et en même temps voici que se réveillent nos espoirs…
L’Allemagne elle-même vient de déchirer le traité de Francfort.
Il n’y a plus question d’Alsace-Lorraine.
Quarante-trois ans d’humiliation, d’un seul coup s’effacent.
Nous sommes avant 1870.
Une fierté nous redresse.
Nous sommes libres.
Et en pensant à Metz et à Strasbourg, nous nous souvenons que notre démocratie pacifique porte, comme le fameux cheval de Troie, un peuple de guerriers dans son sein…

La Nation armée est en marche. »

Livre Montbéliard p.23.24.25

3 août 1914 : Déclaration de l’état de siège

Le 3 août est en fait le jour de la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France mais à Montbéliard l’information n’était pas encore arrivée, comme probablement dans d’autres villes de province.
Voici ce qui s’est passé pour les monbéliardais le jour du 3 août 1914.

« Ce jour-là les journaux firent défaut, jusqu’au 19 août à cause de la mobilisation.

Dans la matinée, on apprit des faits extrêmement graves.

La veille, à dix heures du matin, une patrouille allemande de chasseurs à cheval était entrée dans Joncherey. Un caporal du 44 ème régiment d’infanterie avait été tué par une balle allemande ; un officier allemand était resté également sur le terrain.
Les gens de la vallée disait que ce caporal qui appartenait à la compagnie du Lomont n’était autre que l’instituteur Peugeot.
Il y eut une grosse émotion en ville.

Les allemands sur notre territoire, les allemands répandant le sang des nôtres à quelques kilomètres de chez nous !…
Alors on se battait, la guerre était donc déclarée ?

Puis on se reprit à espérer. Du côté de Delle, l’Alsace et la Suisse sont porches. Les allemands qui, ainsi que nous, surveillent la frontière ont pu s’égarer, et les fusils dans la surprise d’une rencontre, partirent tout seuls.
Cette explication dictée par la logique des sentiments ne satisfait personne ; mais on l’accepte pour ne pas en trouver une pire…

Dans l’après-midi, un télégramme du préfet du Doubs informa les sous-préfets du département que l’état de siège était déclaré pour tout le territoire. sauf la Tunisie.
Ces mots »états de siège » firent une grosse impression sur la population en suscitant en elle de vagues images d’émeute et de massacre. Elle donne seulement le droit à l’autorité militaire de se saisir des pouvoirs dévolus à l’autorité civile pour le maintien de l’ordre et la police.

Elle investit en outre l’autorité militaire des quatre pouvoirs exceptionnels ci-après :
– perquisitions jour et nuit au domicile des citoyens ;
– éloigner les repris de justice ;
– ordonner la remise des armes et munitions ;
– interdire les publications et réunions jugées de nature à exciter ou entretenir le désordre.
En vertu de l’état de siège, le port des armes fut interdit aux particuliers et l’autorité militaire réglementa la circulation et tous les moyens de transports.

A 18h, la sous-préfecture communiquait à l’hôtel de ville un télégramme du ministère de l’intérieur.

Entre autres nouvelles, il nous apprenait que des détachements allemands avaient, sur quelques points, violé la frontière et razzié du bétail, notamment aux environs de Belfort.

Il nous apprenait également que le gouvernement italien avait notifié officiellement au gouvernement français la déclaration de neutralité de l’Italie.
Une grande joie exalta la foule à la publication de cette dépêche.

Les prussiens, cette fois, pouvaient venir, puisque l’Italie les abandonnait, puisque demain, peut-être, elle se rangerait à nos côtés et marcherait avec nous… »

2 août 1914 : Ordre de Mobilisation des travailleurs civils

« La mobilisation a privé la presse des informations de la dernière heure. Le Petit Comtois, en raison des circonstances, n’a pu avoir de communication téléphoniques avec Paris. Il se borne à publier les télégrammes parvenus la veille, dans la journée : proclamation du kaiser, déclaration de l’état de siège en Allemagne.
Il annonce que les corps d’armées allemands se massent à la frontière française.

La vision des cohortes mécaniques hérissées de casques à pointe et dont on croit entendre le pas lourd derrière les Vosges, redouble l’anxiété des esprits.
L’Entente cordiale résistera-t-elle à l’épreuve ? Nos amis les anglais, ces pratiques marchands, n’étant point immédiatement intéressés dans le conflit, trouveront-ils au fond d’eux-mêmes, dans un sursaut d’indignation, l’idéalisme nécessaire pour nous tendre la main ?

Et l’Italie que fera-t-elle ? Si un frêle lien diplomatique l’attache encore aux empires centraux, on sait que le peuple est resté avec nous. Hier l’Italie désapprouvait l’ultimatum à la Serbie. On demeure confiant. On estime que jamais notre sœur latine ne participera à une agression contre nous.

La proclamation du président Pointcaré est maintenant affichée contre les murs.

Elle exprime, avec des qualité de sobriété, de précision et de clarté qui n’appartiennent qu’à notre langue, ce que chacun des Français, à ce moment solennel, depuis le savant à l’illettré, pense en lui dans sa raison, éprouvé dans sa conscience et ressent dans son cœur..
La mobilisation n’est pas la guerre, dit le chef de l’état. Elle apparaît comme un moyen, le meilleur pour « assurer la paix dans l’honneur ».

On applaudit à ce langage si digne, qui ne ferme pas tout à fait la porte à l’espérance. Et pourtant il ne désillusionne personne.

La journée du 2 août fût marquée par un gros événement. De grands placards portaient à la connaissance des citoyens un arrêté mobilisant tous les hommes valides de 16 à 60 ans, non soumis aux obligations militaires, pour compléter les travaux de défense de la place (terrassement et déboisement).
Esclaves du préjugé, bien des personnes, outre la répugnance qu’elles éprouvent pour le moindre effort musculaire, considèrent encore aujourd’hui le travail manuel comme une déchéance.
prendre une pioche, traîner une brouette, même pour la défense de leur patrie, parut à quelques-uns particulièrement dur et pénible.
Par contre, on rencontra des hommes qui, au lieu de se croire diminués par cette corvée, s’en trouvèrent grandis. Comprenant la beauté morale de l’acte qu’on exigeait d’eux, ils partirent avec joie.
Comme le paysan du poète anglais, au manche de leur outil ils avaient accroché une étoile. »

Livre Montbéliard p.15.16.17.18

L’agriculture en 1914 – août

Moyennement chaud, humide. Vents dominants du N.-E et S.-O. La température basse de fin juillet, se relève dès les premiers jours, s’abaisse les 6, 7 et 8. Hausse sensible du 9 au 14. A partir du 15, la température redescend et va avoisiner plus ou moins la normale . Dans la nuit du 12 au 13, tempête qui déracine des arbres et abat es fruits. Fortes chutes d’eau les 15, 16 et 17.

Dès les premiers jours d’août, des volontaires levés parmi les hommes non mobilisés de 16 à 60 ans, aidèrent nos cultivateurs ou du moins leurs femmes et leurs enfants, à faire la moisson.

Livre Montbéliard p.71

1er août : L’Ordre de Mobilisation Générale

« Une foule anxieuse, ayant mal dormi, se pressait samedi 1er août, à l’arrivée du train de Besançon. en un clin d’oeil, les journées du chef-lieu couvrent la cour de la gare d’un essaim de papillon blancs.

L’état de guerre est proclamé en Allemagne.
La Russie mobilise.
La Suisse, la Belgique, la Hollande mobilisent…

Et cette nouvelle qui produit une stupeur : Jaurès la veille au soir, assassiné dans un restaurant de la rue du Croissant. On se rend compte de la gravité à cette heure de cet attentat exécrable qui peut entrainer une catastrophe.

Dans la ville fiévreuse où presque tout travail est abandonné, la population qui ne peut rester chez elle se répand par les rues et sur les places.

Vers 16h15, des automobiles transportant des gendarmes débouchèrent de la rue d’Héricourt, à toute allure.
– c’est l’ordre de mobilisation générale. Nous allons dans les communes. Les plis destinés à Montbéliard vous seront remis par une auto qui vient derrière nous.

Quelques instants plus tard, en effet, une nouvelle voiture s’arrêta devant l’hôtel de ville. Un gendarme en descendit, remit à la mairie un paquet comprenant entre autres pièces les affiches de mobilisation, les instructions concernant la mobilisation, la réquisition et la police des étrangers, enfin un tableau de concordance des jours de la période de mobilisation avec les dates du calendrier.

Le secrétaire compta les affiches, en donna reçu au gendarme, puis, devant celui-ci, comme l’exige la loi, il compléta chaque affiche…

Le premier jour de la mobilisation est le Dimanche deux août 1914. Le second jour est le Lundi trois août, etc.

Les citoyens qui connaissent la grave nouvelle, échangent dans le calme leurs impressions.
– On ira on est prêt.
– Si ça continuait, ils deviendraient nos maîtres sans un coup de fusil
– S’ils veulent se battre on les recevra proprement

Tout le monde est bien pénétré de cette idée que la France a tout fait pour éviter la guerre ; on connaît la volonté de paix du gouvernement.

Aussi, aucun mot de récrimination, aucune plainte, aucune surprise.
D’avance on accepte tous les sacrifices ; on a la résolution virile d’en finir une fois pour toutes avec le cauchemar allemand.

L’ordre de mobilisation apporte un soulagement. Les yeux brillent, la confiance et l’espoir rayonnent sur les visages dont les traits se détendent.

A 16h45 on placardait aux murs cet avis du maire de Montbéliard, qui était publié aussi à son de caisse, dans tous les quartiers de la ville :

ORDRE DE MOBILISATION GENERALE

Le maire de Montbéliard porte à la connaissance des citoyens que la mobilisation générale est ordonnée. Il leur rappelle que l’ordre de mobilisation leur impose des devoirs auxquels leur patriotisme comme leur intérêt leur commande de se soumettre immédiatement.
Il invite les réservistes et territoriaux à se tenir prêts à partir mais à ne se mettre en route qu’après avoir pris connaissance des affiches de mobilisation que la gendarmerie doit faire placarder dans la commune.
Le premier jour de la mobilisation est le dimanche deux août 1914

Hôtel de Ville, premier août 1914, 4h30 du soir,
le maire, Gustav ULMAN »

livre Montbéliard, p.12-13-14-15

31 juillet 1914 : Arrêté de Réquisition

« Montbéliard. La cour de la gare, à partir de 18h, est noire de monde. Il fait une chaleur lourde ; dans l’air immobile, la fumée d’une locomotive se traine, jaunâtre, puante et lugubre.
Mr Léon Parrot, ancien maire de Montbéliard et conseiller d’arrondissement, descend du train qui doit arriver de Belfort à 18h48 mais qui a un sensible retard.
Il est ému, très pâle.

– Les allemands viennent de couper la ligne du chemin de fer à Montreux-Vieux… Ils ont supprimé les rails sur un long parcours… Ils se sont emparés de trois locomotive de la compagnie de l’Est qu’ils ont dirigées à l’intérieur… A Belfort, on dit que « ça y est ». Ah ! Les bandits…

Un pli est apporté au maire à 19h40 parle brigadier de police Mougenot.
C’est l’arrêté concernant la réquisition, première étape vers la mobilisation…
Ceux qui savent ont compris.

Le document ne porte aucune date ; il est ainsi libellé :

République Française
Subdivision de Région de Belfort – Commune de Montbéliard
Arrêté de Réquisition
Le Ministre de la Guerre,
Vu la loi du 3 juillet 1877 relative aux réquisitions militaires;
Vu le décret du 2 août 1877, portant règlement d’administration publique pour l’exécution de la loi sur les réquisitions militaires et notamment de l’article 2 dudit décret,
Arrête :
Le droit de réquisition est ouvert dans la commune de Montbéliard, à partir du 31 juillet 1914

Le Ministre de la Guerre

Départ de la garnison pour la frontière ; ouverture du droit de réquisition dans la ville de Montbéliard ; un troisième élément allait être fourni à l’opinion pour l’entrainer vers un pessimisme sans rémission.

Autour de 20h, on vit les facteurs quitter précipitamment la poste, et courir de maison en maison… Ils distribuaient les ordres de convocation individuelle appelant réservistes et territoriaux sous les drapeaux.

C’était la mobilisation partielle.

Des voitures arrivent, bondées de mobilisés, de parents et d’amis qui leur font la conduite jusqu’à la gare. Des bandes montent la rue Cuvier, les hommes se tenant par le bras derrière un drapeau qui flotte. Le chant des Girondins éclate sur la foule où passe un frisson :

Par la voix du canon d’alarme
La France appelle ses enfants…

Elle les appelle de la ville et des campagnes et tous, pauvres e riches, citoyens de tous âges et de toutes conditions, ils accourent à la voix de la Patrie menacée. »

livre Montbéliard, p.9-10-11