Déplacements du 235ème du 01/08/14 au 16/08/14

Extrait de la carte IGN "Grande Guerre 1914-1918" 1:410000
Extrait de la carte IGN « Grande Guerre 1914-1918 » 1:410000

Sur cette carte j’ai indiqué où il se trouvait chaque jour pour que l’on puisse se représenter les déplacements de son régiment, le 235ème RI.

La grosse ligne noire verticale représente le front tel qu’il était en octobre 1914, c’est à dire 2 mois plus tard. Deux mois de combats acharnés, déjà beaucoup de morts et un front qui n’a presque pas bougé…

Billet d’hôpital du 15 août 1914

Je viens de recevoir de la part du Service des Archives Médicales Hospitalières des Armées (SAMHA) le billet d’hôpital relatif à l’hospitalisation de Jean-Marie BENAS.

Il est indiqué les blessures reçues qui entraineront sa mort le lendemain. J’y apprends aussi l’heure du décès et la compagnie de laquelle il dépendait.

Quant aux circonstances, impossible de savoir. Faisait-il partie de ses 300 soldats portés disparus sur le champ de bataille suite aux combats du 13 août ? A-t-il été blessé dans d’autres circonstances ?

Toujours est-il qu’avec « une fracture de la cuisse » et « une plaie pénétrante de la tête par balle« , il avait peu de chances de survivre et quelles souffrances a-t-il dû endurer… Il n’est pas mentionné de soins prodigués (paragraphe vierge à « moyens curatifs déjà employés » donc on peut supposer qu’il n’y avait pas grand chose à faire pour le soigner vu la gravité de ses blessures.

Les premiers casques, le fameux Adrian M1915, n’a fait son apparition qu’à partir de 1915, car dans les premiers mois de la guerre seul le képi protégeait le soldat de l’enfer des obus et des balles. Aurait-il survécu s’il avait eu ce casque ?

Billet hôpital 16/08/1914

16 août 1914

La 55ème Division de Réserve porte son gros dans la région de Lamarche – Pannes – Monsard – Heudicourt tout en maintenant l’occupation des hauts de Meuse, du Bois de Bruly à Saint Agnan.

La 109ème Brigade avec le 30ème d’artillerie tient le front sud, du Bois de Thiaucourt et Pannes _Etat-Major _ Lamarche en Woësvres.

Le 282ème à Pannes comme centre de résistance. Liaison au sud avec la 110ème  Brigade, à mi-distance entre Pannes et Essey et au nord avec le 204ème, à l’angle Sud-Est du bois de Thiaucourt.

Cantonnement Pannes

Avants Postes  :  g.g. n°1 de la route d’Essey au ravin de Madine.       Grand’garde proprement dite sur la route d’Euvezin ( à 1km de Pannes) :   –> petit poste – 1 section – cote 246 = 1 petit poste de liaison avec Essey et 1 avec le poste de la cote 211. Un poste de 1 section est établi à la cote 211en liaison avec le 204ème établi aux avants-postes entre Bouillonville et Beney.

Travaux exécutés :

  1. L’éperon Nord-Est de Pannes, la lisière Sud-Est de cette localité, prolongée à l’Ouest sur la rive gauche de la Madine sont garnis de tranchées.
  2. Le mamelon Nord-Ouest de Pannes est mis en état de défense pour constituer une 2ème ligne permettant d’abord le planquement de la 1ère ligne et ensuite son retrait.

JMO

Situation géographique au 16 août 1914

 

16 août 1914 : Mort pour la France

Jean-Marie BENAS décède des suites de ses blessures le 16 août 1914 à l’hôpital militaire de Belfort.

Est-ce lié à la terrible bataille du 13 août qui a fait tant de dégâts parmi les soldats, dont nombre d’entre eux furent abandonnés sur le champ de bataille ?

Son dossier médical, s’il existe, pourrait permettre de savoir précisément de quelle blessure il s’agit (demande en cours au SAMHA).

Parmi les 3 poilus de la famille il est donc le premier victime de cette guerre qui n’en finira pas de tuer pendant 4 ans et demi grâce à l’ingéniosité humaine pour massacrer le mieux possible son prochain.

Son frère jumeau, Jean-Louis BENAS, est normalement dans le même régiment. Quand et comment a-t-il appris le décès de son frère ? Il sera lui-même grièvement blessé le 1er octobre 1914 et perdra un oeil.

Comme tant d’autres poilus, Jean-Marie laisse derrière lui une veuve et un petit garçon de 4 ans qui n’aura jamais revu son père, mort 2 semaines après le début des hostilités.

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Son registre matricule, sinistrement barré d’une diagonale indiquant son décès précise : a obtenu la médaille militaire par arrêté ministériel du 18 octobre 1919 publié au journal officiel du 11 décembre 1919. Soldat remarquable par son courage et son dévouement. Blessé grièvement à Montreux-Jeune. Mort des suites de ses blessures le 16 août 1914.

14 août 1914

La 55ème Division occupe les hauts de Meuse entre le Bois Bruly (2km NO de Heudicourt) et St-Agnan. Elle organise la position. La 109ème Brigade occupe le secteur n°2 entre le Grand Ruisseau (1 km sud de Woinville) et le bois de Bruly inclus.

Le 282ème qui est affecté au secteur Woinville et Buxerulles occupe aussi Buxieres avec une compagnie du 6ème Bataillon. La liaison a lieu à droite avec la 110ème Brigade dont le centre est Apremont, l’aile droite à Jarneville et Loupmont et à gauche avec le 259 ? 289 ?

Jour et nuit des grands gardes sont installées.

Centre de résistance de Woinville : gg? n°1 sur l’ancienne voie romaine à 1500m de Woinville avec un peloton au Moulin de la Perche – liaison à Montsec par cavalier avec le 256ème.

Centre de résistance de Buxerulles :

gg? n°2 sur le chemin de Buxerulles à Montsec à l’embranchement du chemin de terre qui se dirige vers l’Est avec une section sur ce chemin à la croisée du chemin Croix – Rollet – Moulin de la Perche surveillant la direction des Bois Bas. 1 poste de 4 hommes à la cote 282.

Liaison avec la gg? n°1 sur le Ruisseau.

Centre de résistance de Buxieres : poste de une demi-section en avant de la voie ferrée. Liaison à la Croix Rollet avec le 289ème. 4 éclaireurs montés d’infanterie et 1 bicycliste sur le mamelon isolé de Montsec.

Situation géographique le 14 août 1914

JMO

13 août 1914

A 5h30 arrive l’ordre de rester sur ses emplacements et de compléter l’organisation défensive de la position est donné au 235ème.

A 8h une colonne ennemie de force indéterminée est signalée en marche de Manspach sur Romagny et Magny .

A 9h30 à Magny occupée par la 24ème compagnie (Daclin ?) est attaqué. Cette attaque est repoussée. 3 tués 9 blessés.

A 15h30, bombardement violent à Montreux-Jeune puis attaque violente sur tout le front Montreux-Jeune – Magny.

Cette attaque s’étend peu à peu sur la droite 235ème qui protège les éléments 260ème.

A19h les compagnies de 260ème assurant la liaison avec le 235ème et le 260ème battu en retraite. Le 235ème a découvert sur son flanc droit est obligé de se replier.

Il avait entre temps été renforcé par 1 Compagnie 1/2 à la garde de Montreux-Château (l’autre 1/1 Compagnie ayant servie de ???? à l’artillerie.

Le mouvement de retraite s’exécute par le pont de Montreux-Château et les écluses de canal ainsi que par des passerelles établies à l’avance sur le ruisseau PAr les soins du 5ème Bataillon.

Le 235ème se rallie à Novillard, cantonne à Vézelois (minuit)

JMO

Montreux-Jeune, occupé par les compagnies que commandent les capitaines BOYER-RESSÈS et MATHIEU, a été très fortement organisé.

Vers la fin de l’ après-midi, l’ennemi débouche du village de Romagny et des bois qui font face à Montreux-Jeune. Les troupes allemandes qui viennent de Romagny se précipitent sur le Moulin de la Caille et sur Magny où nos 22ème et 24ème compagnies sont bousculées. Le capitaine JAPY qui commande la 22ème Cie, est tué au Moulin de la Caille. Mais à Montreux-Jeune, les compagnies BOYER-RESSÈS et MATHIEU qui viennent de renforcer les compagnies HADET et RÉMY— tout le 5ème Bataillon — font bonne contenance dans de solides tranchées, ce qui prouve que, même au début de la guerre, il y avait des régiments où l’on savait remuer la terre.

Bientôt une grêle de balles s’abat sur Montreux-Jeune, en même temps que les projectiles de l’artillerie lourde de campagne ennemie éclatent de toutes parts avec fracas. Et le combat continue ainsi jusque vers 7 heures du soir. A ce moment, les troupes allemandes qui se sont emparées du Moulin de la Caille et de Magny contournent Montreux-Jeune par le sud, se heurtent aux 21ème et 23ème compagnies qui exécutent une contre-attaque au cours de laquelle les capitaines CASENAVE et DUBAIL sont tués.

Les débris des deux compagnies se replient et, dès lors, la position de Montreux-Jeune va devenir intenable. Ordre est donné au 5ème Bataillon de battre en retraite. Les capitaines BOYER-RESSÈS, HADET, RÉMY sont blessés ; le capitaine MATHIEU est tué.

Maintenant la nuit est venue. Les Allemands sont entrés dans Montreux-Jeune , mais ils ne poursuivent pas. Quant au 235ème il continue sa retraite vers l’ouest et, aux environs de minuit, se reformera à Vézelois. Les pertes étaient lourdes.

Sur les huit capitaines qui commandaient les compagnies, sept étaient hors de combat : 4 tués, 3 blessés. On avait pu transporter 7 officiers et une soixantaine de sous-officiers et soldats blessés.

Mais il manquait 300 hommes classés comme « disparus » parmi lesquels se trouvaient bon nombre de tués et de blessés laissés sur le terrain.

Historique 235ème

Situation géographique du 13 août 1914

12 août 1914

Ordre reçu :
La 55ème division a pour mission de tenir Les Hauts de la Meuse de Bruxerulles à Corneville inclus en liant son action à celles des forts de Liouville, Gironville (« sous-les-côtes ») et Jouy-sous-les-Côtes de façon à interdire les routes conduisant à la Meuse.

Le 282ème est affecté au secteur n°1 Woinville-Buxerulles : liaison à gauche avec la 56ème division de Réserve (QG à Chaillot) à droite au groupe n°2 à Apremont (« -la-Forêt ») avants-postes fortifiés à 2 km environ.

La ligne de résistance est jalonnée par la voie ferrée mise en état de défense.

4 éclaireurs montés sont placés en surveillance à Montsec.

Travaux exécutés : mise en état de défense de la position. Une demie compagnie du Génie est annoncée pour être affectée à ce secteur.

JMO

Situation géographique le 12 août 1914